mercredi 1 octobre 2008

retour de Turquie

Nous venions tout juste de poser nos valises. J'avais terminé de ranger dans les armoires, les linges propres. Peut-être même avais-je repris mon travail, certainement sans doute.
J'ai été emportée dans une tempête épouvantable. Un maelström de nausées et d'instabilités. Même couchée, les yeux fermés, je me sentais tanguer dans un naufrage sans fin. Je sentais mes yeux danser une folle sarabande dans mes orbites sans que je puisse rien contrôler.
Un premier médecin appelé en urgence s'est montré dubitatif : sans doute avais-je été infectée par un truc tropical. Et après avoir rédigé une lettre à un confrère de l'hôpital Claude Bernard, il me prescrît des antispasmodiques et des anti-nauséeux. Je m'abimais dans une somnolence secourable qui malheureusement ne devait pas se révéler curative, puisqu'après un ou deux jours, les malaises reprirent de plus belle malgré les médicaments.
Je me souviens d'avoir supplié qu'on appelle le SAMU, que j'allais mourir. Je me sentais de plus en plus faible et toujours emportée dans cette tourmente vertigineuse sans fin.
C'est un médecin de SOS-Médecins qui a compris tout de suite ce qui m'arrivait : il m'a fait une injection qui m'a donné quelques répits et m'a demandé d'aller consulter un ORL. Je devais souffrir de vertiges de Ménières. Mon problème devait être suffisamment urgent pour qu'il prenne la peine de prendre le rendez-vous lui-même.
Quelques heures plus tard, encore un peu shootée par les médicaments, je réussi à faire ma toilette, à m'habiller et à aller chez ce spécialiste, soutenue fermement par mon compagnon. J'ai le souvenir d'un parcours épouvantable. Je serrais contre moi une bassine de plastique bleue, celle qui ne me quittait pas depuis des jours et qui remplissait son office avec une remarquable constance. Je me souviens m'être déplacée à petits pas, courbée, le regard fuyant l'horizon pour se concentrer sur cette fameuse bassine. Même dans la voiture dans laquelle entrer s'est évélé une nouvelle épreuve, j'ai gardé les yeux sur elle. Elle étaitle seul élément stable auquel je pouvais faire confiance. Cela fait plus de 25 ans que cette crise s'est produite, mais je réalise que j'ai toujours cette bassine bleue.
Je suis arrivée chez l'otorhino après une nouvelle épreuve : monter les marches d'un escalier. Chaque mouvement me coûtait, alors se déplacer horizntalement et verticalement en même temps, c'était une vraie torture.
Quand la porte de la salle d'attente s'est ouverte, j'ai cru m'effondrer : il y avait beaucoup de monde avant moi, et j'étais si mal... Impossible de m'assoir sur un siège : trop haut, trop mou, dangereux. Je me suis installée par terre, le dos plaqué contre le mur. Sous moi, derrière moi : du dur sur lequel je pouvais compter. Je me suis concentrée sur la bassine et j'ai essayé d'oublier tout le reste. La porte s'est ouverte plusieurs fois, des gens sont sortis, d'autres sont entrés. Et puis, tout d'un coup, j'ai vu une main se tendre vers moi, saisir la mienne, m'aider à me relever.
Et j'ai été aussitôt envahie par un sentiment de confiance extraordinaire : j'ai réussi à décrocher les yeux de la bassine pour croiser ceux de celui qui me relevait. C'était un regard plein de compassion et de compréhension qui me disait aussi que je pouvais avoir confiance, qu'on savait quelles étaient mes souffrances et qu'on savait comment les guérir.

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