dimanche 7 février 2010

3 mois déjà...

3 mois que j'ai "abandonné" le blog!
Non, que je n'ai rien à raconter, au contraire.
Trop de tout. Difficile de faire le tri. Il y a des moments où il faut savoir se laisser le temps de prendre du recul. Et il s'est passé tant de choses depuis 1 an...depuis 1 an...
Parce que je viens de m'apercevoir que cela fait exactement 1 an que j'ai été implantée...Incroyable mais vrai. Sans rien avoir prémédité, me voilà de nouveau sur ce blog, abandonné il y a 3 mois, et au jour anniversaire de mon implantation.
Je tapais "1 an" quand j'ai éprouvé la sensation vertigineuse d'une incroyable coïncidence, que je suis allée vérifier sur le calendrier de l'ordi.
Et je n'ai pas une bouteille de Champagne à déboucher pour fêter ça, tout de suite, et toute seule. pas grave, ce sera pour plus tard, et accompagnée. Allez, je vais me faire une verveine-menthe, vue l'heure, ce sera de toutes façons, plus raisonnable.
Bilan qui s'impose : il s'en est passé des choses depuis 1 an...et même si certaines font mal, au bout du compte, il n'y a que du bonheur à venir, et c'est la seule chose importante.
En recouvrant la faculté de communiquer, tout en entrant complètement dans le handicap, j'ai trouvé la force de bouleverser l'ordre établi, d'envoyer promener une union mortifère et perverse à laquelle j'avais fini par me  résigner, persuadée que ma vie était désormais derrière moi.
Je suis en pleine reconquête : pas simple de reconstruire l'estime de soi. C'est si facile de manipuler quelqu'un qui entend mal, voire pas du tout, de dire que j'ai compris de travers et tellement plus rapide de me siffler pour attirer mon attention...
C'est si facile de maltraiter un(e) handicapé(e) qui épuise son énergie à être toujours meilleur(e) par crainte de n'être pas, simplement au bon niveau de communication...
Le rituel de passage est éprouvant. Divorcer, même quand on le désire, n'est pas une petite affaire qu'on expédie d'une signature. D'abord on est 2, et même, dans mon cas, nous sommes 4. Et pour les enfants, même adolescents, c'est aussi difficile à vivre.
Mais c'est ma vie d'abord, pour mon bonheur, mon équilibre, il est largement temps pour moi, d'être égoïste et de retrouver celle que j'étais avant...en mieux!
L'implantation a signé mon retour au monde communiquant et la prise de conscience de la pétrification de mon quotidien autour de ma résignation.
Ensuite, petit à petit, j'ai cheminé sur le chemin de mes nécessités et de mes désirs.
20 ans que je m'efface, gommée par les nécessités familiales, 20 ans que je cultive l'empathie forcenée, au mépris de mon estime de soi, 20 ans que je veux absolument sauver le monde, mon monde, et que j'oublie, simplement, de prendre soin de moi, 20 ans que je m'entête à semer du bonheur sans retour ou si peu.
Et si je n'avais pas été implantée, aurais-je eu cette force?
Il aurait fallu, d'abord, que je prenne conscience de l'emprise dans laquelle je me débattais sans l'identifier. Je crois que j'aurais pu continuer jusqu'au bout de ma vie, à arrondir les angles, à ménager le confort des uns et des autres tout en faisant fi de mes propres besoins et désirs. Toujours prête, comme un vaillant petit soldat. J'ai été et suis encore, celle qui a enfanté, et qui console, soigne, guérit, celle qui appelle le docteur et fait office de garde-malade, celle qui pense aux vaccinations, celle qui évite d'ouvrir le dictionnaire pour chercher une signification, une orthographe, celle qui fait les courses, le ménage, la cuisine, les confitures, la vaisselle, la lessive, celle qui rencontre les professeurs, fait les valises, remplit les questionnaires et autres paperasses administratives, celle qui choisit, paie et pose la papier peint et le parquet stratifié, celle qui attaque le vieux carrelage au burin avant de poser le neuf en ménageant les découpes nécessaires aux prises de courant, celle qui refait la plomberie et l'électricité, celle qui installe une cuisine intégrée et un porte-bagage sur un vélo, celle qu'on appelle à minuit quand il est trop tard pour prendre le bus pour rentrer,  celle qui coud un petit manteau et raccourcit les jeans, celle qui refait les housses de fauteuil et vernit le bois brut des meubles après ponçage à la laine d'acier, etc., mais aussi celle qui interdit, qui pose la loi, qui explique les pourquoi et les comment, celle qui met les limites, celle dont on recommande les conseils en refusant de les suivre, celle dont on pille le porte-monnaie ou la garde-robe sans vergogne, celle à laquelle on ne prend même plus la peine de s'adresser puisque ça ne vaut pas la peine, vu que je n'entends pas...
La liste serait si longue que je serais bien folle d'imaginer que je puisse la clore un jour, et franchement, j'ai autre chose à faire que ruminer les tâches qui m'ont absorbée, étouffée, coulée.
Mon quotidien ne fait pas l'impasse sur les tâches nécessaires : le linge se lave toujours, et les estomacs doivent se remplir, mais je ne m'y perds plus. J'apprends à désinvestir émotionnellement, à relativiser les nécessités et à prendre en compte mes propres besoins. J'apprends à me respecter et à me faire respecter.
Même au seuil de la retraite, la vie continue. Je croyais, il y a 1 an, que j'étais vieille et tout juste bonne à entretenir le confort d'une famille qui se souciait fort peu de moi et pour laquelle j'étais devenue un objet de confort qui avait surtout une énorme qualité : celle de s'entretenir soi-même.

1 commentaires:

À 11 février 2010 à 01:20 , Blogger grenouille a dit...

que de bonheur de pouvoir reentendre comme tu dit ,,mais profite et revit;; laisse faire les choses ,cela sera encore dur pour toi il y a de grande chance ,mais ne te laisse pas demoraliser
gros bisous
edith

 

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