lundi 24 novembre 2008

ordinateur enfin libre!

Cela fait une semaine que j'ai fait les premiers tests... déjà!
Donc, mardi dernier, direction Beaujon. Je retrouve le Professeur MEYER et le Docteur FUGAIN. Le service est en pleine installation. C'est un peu l'effervescence. Une infirmière commence par enlever les, ou plutôt le fil, car il n'y en a qu'un : voilà une couture que je n'ai pas pu voir! La cicatrice est belle me dit-on. Moi, j'apprécie ma peau qui retrouve ses aises sur mon crâne. Ça gratte un peu : c'est signe que ça guérit! Demain, je vais enfin pouvoir me laver la tête! Il y a des petits plaisirs qui peuvent devenir grands quand ils sont interdits!
Évidemment, je demande si c'est aujourd'hui que nous allons faire les premiers tests. Je suis à la fois impatiente et peu pressée. Comme au moment d'obtenir quelque chose que l'on a beaucoup désiré et où on se demande si le meilleur, finalement, ce n'est pas l'attente!
Et là, j'ai droit à des regards interrogateurs : aujourd'hui?
Et je comprends que ce n'était pas prévu! Pourtant, je voudrais bien savoir si ça fonctionne, moi...
Je dois avoir l'air suffisamment déçue pour qu'après m'avoir dit qu'on ne savait pas si l'appareil était là, on me dise qu'on va chercher. C'est que le service est en cours d'emménagement. Il y a encore des cartons à déballer !

En attendant, je monte à l'étage supérieur rejoindre les enthousiastes du CISIC qui tiennent leur première réunion d'information à Beaujon. Je reconnais quelques têtes sympathiques. Et je me sens encore une fois vraiment très sourde au milieu de mes nouveaux amis implantés, d'autant que je n'ai plus le secours que d'un seul contour d'oreille.
Je ne tiens pas en place : une fesse sur une chaise, et puis debout, et que je me rassois sur un autre siège, et que je me précipite vers la boite à sucre. Je picore un mini sandwich et un petit four, et je m'aperçois que j'ai faim. On me dit que j'ai l'air un peu stressée et que ça va bien se passer...
Moi, stressée ?

Je suis comme quand je faisais la chanteuse dans mon groupe de musique latine. On s'appelait FRIC FRAC et mon nom de scène, c'était Elina, comme notre titre fétiche. c'est si loin déjà! Cela fait presque 20 ans que FRIC FRAC s'est évanoui au gré de la rupture de son couple fondateur. Nous avons joué sur des scènes de banlieues où je m'emmêlais les talons dans les fils de la sono, et dont je ressortais les cheveux enfumés et la voix cassée par les émanations cancérigènes. Nous avons aussi connu quelques grandes scènes : chanter devant 3500 personnes, même si vous êtes le hors d'œuvre et que le public n'est pas venu pour vous, c'est une sacré expérience. Quand l'aventure s'est terminée, je n'ai pas sombré, j'ai fait autre chose! J'ai chanté presque par hasard : un copain auteur-compositeur, une voix intéressante et adaptée au répertoire, je dirais même, une absence de voix, d'ailleurs, parce que j'étais plutôt proche des registres vocaux de BARDOT et BIRKIN.
Entrer en scène est un moment très particulier : il faut quitter l'ombre et entrer dans la lumière, comme sortir du néant et être vue et reconnue. Il y a ces quelques pas à faire. Et surtout le premier. Le reste suit toujours.
Pas le stress, le trac! parce que je ne me fais pas de soucis pour ce qui va se passer : je vais y arriver...et une fois le premier pas accompli, tout s'enchaine, naturellement...
alors voilà, j'ai le trac. C'est une affaire avec moi-même. Personne ne me tiendra la main. Je vais descendre les escaliers, rejoindre l'espace dévolu au service des implantations cochléaires - comme j'aime ce mot escargot qui cloque et qui claque. Reste à descendre au bon moment, à arriver juste quand le carton de mon précieux sera là. Je n'ai pas rendez-vous avec mon public. J'ai rendez-vous avec moi-même!
Il y a des années, je me suis mise au monde à travers l'album "MON TOUT PETIT". J'ai osé me donner la naissance à laquelle je n'avais pas été invitée.
Et là, je suis conviée à la renaissance de mon oreille gauche. Il y a bien de quoi avoir le trac. Je suis dans l'inconnu. Le Docteur FUGAIN a pris toutes les précautions pour éviter une déception : elle va devoir grandir cette oreille toute neuve. Il va falloir la laisser expérimenter et la nourrir avec amour, patience et respect.
La secrétaire médicale me fait signe : la boite a été retrouvée, on va pouvoir y aller.
Et tout s'enchaine naturellement. Le Docteur FUGAIN ouvre le carton, attrape une boite, saisit le corps du processeur, positionne un câble, introduit les piles, pressionne l'aimant et ... me tend le tout! J'accroche gauchement l'objet au dessus de mon oreille et je tente de repérer le renflement qui signale l'implant sous la peau. Que mon crâne est vaste tout autour de mon oreille : je ne trouve pas! Claude FUGAIN me prête main forte, ça y est c'est en place! Sur l'écran de l'ordi, les électrodes s'allument les unes après les autres. Il y en a 22. 22 qui finissent par être toutes allumées en même temps! C'est Noël! Ça fonctionne!
J'entends un bruit énorme qui m'enveloppe entièrement, comme un énorme souffle.
Et puis plus rien : maintenant, il faut commencer les réglages.
Et ça ne se passe pas du tout comme chez le prothésiste. Quand il s'agit de régler des appareils de confort auditif, ou ACA, ainsi que se nomment en fait les contours d'oreille et les intra-auriculaire, le prothésiste entre les données de l'audiogramme sur un programme spécifique de son ordinateur et paramètre numériquement les appareils. Ensuite, on ajuste en fonction du patient, mais le plus gros du réglage est fait sans que l'usager soit acteur.
Pour l'implant, la démarche est totalement différente : c'est moi qui vais induire les réglages en fonction de mes ressentis. Et ce n'est pas facile du tout. Le Docteur FUGAIN est aux commandes. Il y a 22 électrodes à régler, qui partent du plus grave au plus aigu. Une gamme de 22 notes. Pour chacune d'entre elle, je dois déterminer la meilleure puissance : la puissance de confort, ni trop, ni trop peu. Et il faut que toutes les notes se situent au même niveau.
Ça semble simple.
C'est compliqué.

A suivre...

1 commentaires:

À 25 novembre 2008 à 20:10 , Blogger grenouille a dit...

je vois que tu a deja experimenter ta nouvelle oreille ,cela n'est pas facile ,je l'ai compris samedi a nancy ,je suis sure qu'avec ton oreille musicale tu va aller plus vite que les autres ,je l'espere pour toi
bravo pour ta description de ta journee
bisous
edith

 

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