samedi 20 septembre 2008

je ne comprend plus ce que j'entends.

Depuis fin juin 2008, les mots "implant cochléaire" sont tombés, et m'ont "plombée".
Je savais bien qu'un jour ou l'autre il faudrait "y passer", mais il y a un gouffre entre savoir et devoir, et je viens de l'expérimenter.
Et je me suis retrouvée dans un état proche de la dépression. Peut-être même, si j'étais allée voir un médecin, aurait-il émis ce diagnostic. J'ai l'impression de survivre en attendant mon premier contact avec le Professeur MEYER à l'hôpital St Antoine. J'évolue entre idées noires et euphorie, je dors comme un bébé ou je cauchemarde. En fait, je suis seule pour affronter cette épreuve et c'est en moi que je dois plonger pour trouver, encore une fois, l'énergie nécessaire pour faire face.

Sans me prendre pour un phénix, je sais que je me relèverai encore plus riche de toutes ces rencontres, de toutes ces chances qui me construisent. Mais avant, il aura fallu que j'explore les confins du désespoir, que je m'abîme profond les yeux de larmes, que je résiste à l'appel du vide, que j'apprenne à me nourrir des mots des autres, que je saisisse les mains sincères, que je m'aime un peu, beaucoup, pour démonter et reconstruire encore et encore une vie rythmée de petites et grandes implosions.

Donc, fin juin, je me suis rendue à ma visite semestrielle rituelle chez mon otorhino. Depuis quelques temps déjà, je pourrais même dire quelques mois, et même années, mes appareils me semblent mal réglés. Je suis gênée pour comprendre correctement les conversations. Impression d'oreille bouchée, à droite, à gauche, des 2 côtés. Mon adorable et très compréhensif prothésiste fait ce qu'il peut pour les réglages, mais si je sors contente de la consultation, dans les heures, voire les minutes qui suivent, je retrouve mon état naturel de chasseuse de sons et je n'ai guère l'impression que quoi que ce soit ait changé : ce que j'entends a du mal à prendre du sens.

C'est à plus de 30 ans que le mot surdité a été prononcé pour la première fois par un très vieux monsieur, excellent praticien, chez lequel j'ai trouvé enfin l'empathie dont mon moral en berne avait besoin. J'étais malade, depuis 2 mois je souffrais de crises de vertiges, je croyais que j'allais mourir, et le médecin de garde voulait m'envoyer consulter à Claude Bernard, parce que j'avais certainement du attraper une maladie rare, un microbe exotique lors de mon dernier séjour en Turquie.

J'ai toujours eu mille activités. On pourrait presque me ficher hyperactive. Je ne sais pas ne rien faire. A cette époque, j'étais, en même temps, institutrice pour garantir l'alimentaire (mais qu'on se rassure avec plaisir et efficacité)," attachée de presse" d' un groupe de musique latine "FRIC FRAC", chanteuse de ce même groupe, créatrice et couturière de mes robes de scène et de mes bijoux (que j'ai fini par fabriquer en quantité pour satisfaire les "tu l'as acheté où?"). Je cousais également les chemises de mon homme-auteur-compositeur des chansons que je chantais. J'apportais mon grain de sel aux textes, je démarchais les sponsors potentiels, les maisons de disques, les lieux de concerts...et je pâtissais des douceurs pour mes musiciens les jours de répétitions.

Une année, cette fameuse année des vertiges, nous sommes partis chanter en Turquie, pour le compte d'un club de vacances. 7 semaines tous frais payés en échange de quelques prestations par semaine. Une aubaine qui nous permettait à tous de passer de bonnes vacances tout en nous assurant pratique et public.
L'arrivée en Turquie a été épique, à la hauteur des différentes situations que nous aurions à vivre au cours de notre séjour. L'aéroport était en construction et nous avons été parqués, dès l'atterrissage, dans un hangar de tôles, où nous avons très vite souffert de la chaleur et de la poussière. Nous sommes restés là ce qui m'a semblé des heures. Parfois, sous le souffle des manœuvres d'avion, les parois tremblaient. Une fois, les portes immenses se sont violemment ouvertes. Une ambiance de cauchemar. Après moultes tracasseries administratives aggravées pour nous par les bagages techniques que nous transportions, nous avons pu rejoindre le club. Les dépliants présentait une ambiance luxueuse de petites habitations blanches semées dans la verdure autour d'une piscine olympique : la piscine était en construction, et les maisonnettes avaient depuis longtemps pris des couleurs!