mardi 10 février 2009

Tic-tac

Quand j'étais petite, il y avait à la maison, un réveil carré qui faisait un bruit si épouvantable qu'on l'avait relégué dans la cuisine.
Non seulement le tic-tac de ce réveil ne m'a jamais gênée, mais j'avais pour lui l'affection des mal aimés et il a fini , pour quelques temps, dans la chambre que je partageais avec ma sœur, jusqu'à ce qu'un format moins encombrant le ramène sur le buffet de la cuisine.
Pour que ce tic-tac ne me gênât point, sans doute mes oreilles commençaient-elles à prendre, doucement, sournoisement, quelques distances.
Au collège, au lycée, les langues vivantes, à l'oral, pointaient au chapitre des catastrophes. Par contre, l'écrit était en général honorable, voire même brillant.
Il est heureux que ma prestation de philo au bac (philo!) m'ait valu un 16, parce qu'en anglais, je crois que j'ai du flirter avec un 2! Et ce ne devait pas être meilleur en allemand.

dimanche 8 février 2009

et si je reparlais implant...

Rien ne va plus, ou plutôt, ça va pas si mal, mais moins bien tout de même et ça pourrait être mieux!

Bref, jeudi 5 février dernier, j'ai déboulé chez ma compétente régleuse (que je hais ce mot!) après 2 semaines de sollicitations pour obtenir un rendez-vous. C'est que je ne suis pas toute seule!
J'ai des soucis : j'entends moins distinctement depuis quelques jours. Les sons "bavent" et sont plus difficilement identifiables. Et surtout, j'ai du mal à supporter les bruits environnants comme la TV. Je finis par jeter l'éponge et je coupe le son de l'implant avec la culpabilité de qui n'honore pas son contrat.

Claude Fugain s'est montrée particulièrement attentive à mes problèmes, d'autant que je n'ai pas caché mes angoisses de reprise à l'école : j'en suis absolument sensoriellement incapable.
Et j'ai appris que ces sons qui bavent, ça arrive. Après avoir vérifié le bon fonctionnement des électrodes et identifié les 3 électrodes problématiques, Claude F. les a mises entre parenthèse. Nous avons refait les réglages et reprogrammé l'appareil.
Le premier programme joue sur les 22 électrodes, et il a la pêche, le 2ème est plus mou, plus feutré, moins agressif avec 19 électrodes seulement, quand au 3ème, il fait l'impasse sur l' environnement sonore. Le dernier programme est dédié à la boucle magnétique, que je me suis promis de tester avant la fin de la semaine.

Et puis Claude F. m'a expliqué que ma pathologie, l'otospongiose, était une vraie "saloperie", et qu'il arrivait qu'on doive faire l'impasse sur des électrodes. Moi, je me fiche un peu que les 22 fonctionnent pourvu que j'entende. Si ça marche mieux avec 19 ou 15, why not? Le principal reste de revenir au monde des sons qui ont un sens.

Mais la grosse vilaine information était ailleurs : je me trouve confrontée directement, moi instit', aux limites de l'implant. Gérer une classe en étant implantée relève de la gageure!
Claude F. voulait que je demande un mi-temps thérapeutique. Là, l'administration s'en mêle et s'emmêle : il faut 6 mois de congés pour déposer une telle demande qui sera examinée en commission médicale dans un délais de 3 mois environ...soit 3 mois de congés supplémentaires!
Mais il semble bien que mi-temps ou temps plein, la reprise ne sera pas possible : face à un groupe, je suis absolument incapable de distinguer une voix parmi d'autres, et il ne s'agit même pas de comprendre, simplement d'entendre... Mission impossible! Si je travaillais dans un bureau, l'environnement et les contraintes ne seraient pas les mêmes et je pourrais reprendre mon poste...encore que le téléphone me pose quelques problèmes.

Il n'y a pas péril en la demeure cependant, cette nouvelle pour autant qu'elle ne soit pas bonne, ne m'a pas envoyée dans les cordes : l'école n'a jamais été mon seul centre d'intérêt, même si c'est à ma classe que j'ai consacré la majeure partie de mes respirations. J'ai les moyens psychologiques de la réforme!

C'est vrai que j'ai résisté à la nostalgie, c'est vrai aussi qu'il y a quelques jours, à la faveur d'un légo oublié dans mon salon, j'ai eu droit à ma "madeleine de Proust". Mais tout ceci n'est que la manifestation d'un vécu riche et chaleureux auquel, c'est sûr, j'ai les moyens de survivre.
Reste à clarifier ma situation administrative et là, le premier jalon est planté : rendez-vous avec le médecin de prévention le lundi 2 mars à 14h, avec tout documents utiles.

Le plus difficile sera de faire comprendre, admettre même, à Nathalie, la fée des bien-être quotidiens de ma classe, que je ne reviendrai jamais tenir ma place de maîtresse d'école.
Je sais qu'elle souffre de mon absence : nous avons formé une magnifique équipe pendant 4 années. Je sais qu'elle ne vient plus travailler qu'à reculons. En fait, elle va travailler, c'est tout et c'est dommage. Quand nous étions en classe ensemble, elle venait à l'école en actrice à part entière. Elle était mes oreilles discrètement, dès que le manque se faisait sentir, elle était la marchande à laquelle j'achetais des pommes vertes, rouges et jaunes pour un exercice de tri d'automne, elle était aussi celle qui aide à badigeonner les mains de peinture avant de les appliquer sur une grande feuille blanche, celle qui emballe les cadeaux de Noël, celle qui pense aux cahiers oubliés, qui récupère les doudous perdus, qui change les petits incidents de la vie, qui colle les petits mots, qui endort aussi à la sieste, et peut passer de longues minutes à rassurer en caressant une joue jusqu'à ce que les yeux se ferment...et elle était celle qui faisait rire toute la classe aux éclats lorsqu'elle poussait des cris quand je sortais de mon tiroir les souris d'Halloween en plastique... Pourra-t-elle jamais retrouver une maîtresse aussi folle que moi ? Elle n'y croit pas, et moi...non plus!
N'empêche, nous nous serons bien amusées, les élèves et leurs parents aussi! Et tout ça en semant les petites graines de savoir et de connaissance que nous ne verrons jamais pousser... mais avec la satisfaction de la transmission accomplie... Je ne veux pas parler de devoir, ni de mission, ça joue trop dans le registre de l'obligation citoyenne. Mon domaine, c'est l'humain, avant toute chose.